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Animaux du récif... Trop, c'est pas assez!
5 septembre 2014

Conseils d'acclimatation des petits poissons délicats

Bonjour, 

 

On me demande souvent des conseils pour acclimater et maintenir et pleine santé les petits poissons délicats, les timides, les lents à se nourrir, ceux qui n'iament rien que les proies vivantes... Comme par exemple les mandarins, certains micro gobies, les anthias, certains petits labres comme les Wetmorella, les Syngnathes et Hippocampes, les Diademichthys, les Aioliops...

Du coup, je vous propose quelques pistes pour obtenir rapidement de beaux poissons bien repus et plein de vie:

Dans l'ordre, il y a quatre "clés" de réussite:

 

Toujours prendre soin de sélectionner les poissons à l'achat

N'acheter que des poissons pas trop maigres, pas trop creusés. Quand le dos est creusé, généralement, le poisson est condamné, sauf ténacité spéciale de l'individu qui s'accroche à la vie! C'est triste de laisser dans le magasin un poisson qui semble en bout de course, on a envie de le prendre et de le sauver! On peut tenter (je l'ai fait et j'ai parfois réussi à bien retaper des poissons qui me semblaient pourtant au bout du rouleau), mais mieux vaut le faire alors dans un petit bac séparé (décoré et éclairé, car les poissons dépérissent encore plus dans les cuves nues), pour ne pas risquer de polluer votre bac principal avec des cadavres coincés.

Le temps qui sépare la capture de l'arrivée dans l'aquarium du particulier est un voyage très -parfois trop- long pour les petits poissons, qui ont peu de réserve grasse et tolèrent très mal la famine. Si vous comptez entre 1 et 8 jours entre le moment où le poisson est capturé et celui où il arrive chez le grossiste local (les pêcheurs restent plusieurs jours en mer pour capturer les poissons), 2 à 4 jours de stabulation, puis 24h de voyage vers l'Europe, puis un nouveau stockage chez le grossiste européen (où le poisson prend alors parfois son premier repas depuis sa capture), puis de nouveau un voyage pour arriver au magasin, où il sera enfin nourri (sauf s'il n'accepte que les proies vivantes), avant d'arriver chez vous... ça fait TRÈS long! Même si l'on dit que les poissons résistent bien à la diète, il y a une limite... Surtout chez les petites espèces.
Donc,sans bac séparé pour tenter de récupérer un poisson très mal en point, ou si vous n'avez pas envie de multiplier les achats, mettez toutes les chances de votre côté et achetez des poissons qui ont l'air vif et qui ne sont pas trop maigres.

 

Préparer avant l'achat des poissons de quoi les nourrir de suite

- Faire des nauplies d'artémias fraîches en bonne quantité (et les donner de suite ou les mettre à baigner dans l'eau verte - une cuve d'eau de mer de quelques litres, où vous aurez mis suffisamment de phytoplacnton pour que l'eau soit bien verte, et un bulleur).
La nauplie perd très rapidement ses qualités nutritionnelles après son éclosion, si elle n'est pas nourrie. Il faut donc la distribuer de suite dès son éclosion, ou la mettre dans une cuve d'eau verte pour qu'elle se nourrisse et se "remplisse" correctement., si vous en distribuez une portion chaque jour et ne faites pas d'éclosion au quotidien. Car rappelons le, une proie vide est une proie inutile!

- Trouver des oeufs de homard congelés (Océan Nutrition) et de bonnes artémias et mysis (Océan Nutrition ou autre marque premium). La plupart des petits poissons adorent les oeufs de homard, et dans uen moindre mesure, les oeufs de poisson (Océan Nutrition fait les deux). Les oeufs sont riches, parfait pour nourrir les petites bouffes et apporter de bons nutriments.
Les artémias seront choisies premium, pour être entières et non en charpie lorsque vous décongeler les cubes. Il faut qu'elles soient intacts pour être pleines, les artémias en charpie se sont vidées de leur contenu dans l'eau de décongelation, ce qui ne sert pas aux poissons!
Les mysis sont un met de choix pour les petites bouches, et bien plus riches que les artémias. Les plus petites espèces risquent cependant de les délaisser, car elles sont quand même un peu grandes (et un peu dures) pour certaines bouches. Etonamment, les Syngnathes, qui otn pourtant un bouche microscopique et non extensible, les adorent! En fait, ils tapent violemment dans la carapace en aspirant, et prennent ainsi des bouchées dessus, ce qui leur permet de les consommer. C'est assez marrant à voir, car l'opération produit à chaque impact un claquement sonore bien distinct!


Adapter le mode de distribution au mode de prédation du poisson

Un anthias ne se nourrit pas comme un mandarin. L'un mange au vol et en un éclair des proies dérivantes, l'autre inspecte longuement les anfractuosités de roche pour y débusquer des animalcules benthiques.
J'entends parfois: "cela ne sert à rien de couper le brassage du bac pour la distribution de nourriture, le courant marin naturel ne s'arrête pas quand les poissons veulent manger..." Haa, une logique imparable.. mais stupide! En aquarium, on rassemble des animaux qui vivent dans des biotopes différents, dans des conditions d'hydrodynamisme et d'illumination parfois opposés, sans parler du régime alimentaire naturel dont je parlais en début de paragraphe. Il faut donc prendre soin à connaître suffisamment bien ses animaux pour recréer les conditions adéquates pour qu'ils ne nourrissent selon leurs possibilités! Un mandarin qui voit toutes ses proies s'envoler dans le courant mourra sans doute de faim, à moins que l'aquarium produise miraculeusement assez de proies benthiques vivants pour le satisfaire (ce qui arrive excessivement rarement). Il faudra toujours nourrir les mandarins (et tous les autres poissons au mode de prédation lent et benthique) avec le brassage coupé, pour que la nourriture tombe dans le fond et soit à disposition du poisson pendant au moins 15 minutes. Si possible, habituez les mandarins à un point de rendez vous de distribution (les miens, dès que le courant se coupe, viennent ainsi au point de distribution car ils savent que ça arrive par là); c'est un gros plus pour s'assurer qu'ils mangent à satiété. Veiller à distribuer suffisamment pour que tous les poissons mangent avec appétit.

Distribuez la nourriture avec prodigalité: il faut qu'il reste suffisamment de nourriture au fond pour que les mandarins soient bien rassasiés, malgré les autres poissons qui vont venir en chiper. Ensuite, quand on remet le courant, la nourriture s'envole et tous les poissons au style de prédation plutôt pélagique vont passer à table (en plus de ce qu'ils auront déjà pris lors de la première phase de la distribution).

Il ne faut pas hésiter à nourrir plusieurs fois par jour; au moins 2 fois, trois à quatre c'est encore mieux. De plus petites quantités plusieurs fois par jour sont nettement plus bébéficiables qu'une grosse part une fois par jour. Les poissons délicats à métabolisme rapide, comme les anthias, qui se dépensent beaucoup à nager en permanence avec vigueur, profitent nettement mieux dans ces conditions.

Les premières semaines d'aclimatation d'une petite bouche délicate, on versera une bonne quantité de nauplies dans le bac une fois par jour, pour plaire aux poissons qui ont encore du mal avec les proies inertes, et assurer une transition en douceur.

Les poissons se "rassurent" et "s'inspirent" les uns les autres. Quand un poisson voit les autres habitants du bac se jeter sur la nourriture, il suivra l'exemple rapidement. C'est pour cela qu'une acclimatation en quarantaine isolée est toujours plus problématique qu'une acclimatation en communauté (même si sur le plan sanitaire, cela peut être recommandé dans certains cas).

Une fois la transition passée, on peut ne distribuer que de la nourriture congelée, sauf si on a le temps et l'envie de plaire aux gourmands en donnant des en-cas de nauplies toute l'année, les petits poissons (mais aussi les crevettes, les crabes...) en raffolent!


Eviter la pollution de l'aquarium

Oui, on ne vous dira pas le contraire, l'inconvénient de nourrir beaucoup pour maintenir de beaux poissons en pleine forme implique une plus grosse pollution de l'eau, mais cela se pallie facilement avec quelques mesures simples:
- Décorer le bac avec pas mal de LPS qui adoreront capturer les excès d'aliments, avoir une bonne équipe de crevettes et d'escargots carnivores (Nassarius, Babylonia) pour que le trop plein d'aliments soit rapidement consommé
- Augmenter la capacité de l'écumeur
- Faire plus de changement d'eau

Avoir des poissons délicats et originaux demande quelques efforts, c'est à vous de voir. Si effectivement, vous n'avez pas assez de temps libre à consacrer à ce genre de maintenance un peu exigeante, il existe bien sûr plein d'autres poissons beaucoup plus "rustiques" qui vivront parfaitement bien et en très bone forme avec un repas de granulés et/ou d'artémias une fois par jour.. le tout est de savoir en amont, avant l'achat, ce qu'on est prêt à faire :)

Bonnes acclimatations!
Et si vous avez des conseils à partager, n'hésitez pas à commenter!

amicalement,
Sabine

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Commentaires
C
Toutes ces explications sont les bienvenues même et surtout parce qu’elles tombent sous le sens ... toutefois c’est toujours plus chouette de les voir écrites par quelqu’un qui s’y connait ! <br /> <br /> <br /> <br /> J’en profite pour vous demander de me donner une explication sur la possibilité de réaliser un élevage simple de mysis après la décante . En effet je vais avoir un bac à hippocampes ( environ 4 couples dans 350 L ) et je voudrais leur fournir de la nourriture fraîche tous les jours . <br /> <br /> <br /> <br /> En principe cela peut se faire car leur fournisseurs professionnels de mysis disent en vendre des vivantes afin d’ensemencer ... <br /> <br /> L’élevage devrait s’auto-réguler vu qu’elles sont cannibales et les poissons en profiter car une partie retournera d’office dans le bac principal continuellement . <br /> <br /> Pourriez-vous me dire ce que vous en pensez ?
Répondre
C
Merci pour tous ces conseils.
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  • Auteure en aquariophilie et photographe professionnelle, je vous présente le quotidien de mes pensionnaires marins, mais aussi des news sur le monde récifal en général: biologie, écologie du récif, science et pédagogie.
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